mercredi 22 avril 2015

Edito Pascale Coton


Un pansement sur une jambe de bois.

Un pansement sur une jambe de bois

21 avril 2015

Avec les contrats jeunes et les contrats de génération, l’apprentissage devait être l’un des outils privilégiés du gouvernement pour lutter contre le chômage des jeunes et favoriser leur insertion professionnelle. Or, un sondage* publié le 14 avril révèle que ce dispositif est en perte de vitesse, sans perspective d’amélioration. Seules 27 % des entreprises envisagent de recourir à l’apprentissage.
 
Dans ces conditions, comment atteindre l’objectif gouvernemental de parvenir à 500 000 apprentis en 2017 ? Les derniers chiffres traduisent même une baisse du nombre d’entrées en apprentissage en 2014 : 400 000 contre
420 000 en 2013, ce, malgré l’augmentation des aides publiques. Parmi les raisons invoquées par les entreprises, toujours selon ce sondage, figure la morosité de la conjoncture. On en revient donc à la même interrogation : quelles sont les conditions de réussite d’une politique de l’offre permettant aux entreprises de relancer la demande grâce à la diversité de leurs produits et services ?

Incarnée par le CICE et le dispositif d’allègement de cotisations du pacte de responsabilité, cette politique n’est pas rejetée par la CFTC en ce qu’elle reconnaît que, pour préserver et dynamiser l’emploi, les entreprises doivent disposer des moyens économiques de leur compétitivité.
 
Toutefois, il ne faut pas qu’une telle politique puisse porter atteinte au pouvoir d’achat des Français et à notre modèle social. C’est une question de justice  sociale, mais aussi d’efficacité économique : les Français doivent pouvoir consommer ces produits et services mis à leur disposition.
 
Le patronat, lui, insiste sur la baisse du coût du travail, de la fiscalité et des cotisations sociales afin de permettre aux entreprises d’augmenter leurs profits. Il oublie d’investir ou d’innover (leviers privilégiés par la CFTC) pour, in fine, consolider l’emploi d’aujourd’hui et créer l’emploi de demain. À la place, il cherche des solutions qui risquent de se révéler aussi efficaces qu’un pansement sur une jambe de bois. Ainsi, pour relancer l’apprentissage, propose-t-il de créer une task force, composée d’un parlementaire et d’un chef d’entreprise. Celle-ci sera chargée de remettre au Premier ministre, sous trois mois, un projet de réforme du dispositif.
 
Drôle de conception du dialogue social, qui se passe de l’apport des syndicats ! La CFTC, elle, propose de se mobiliser, du 1er au 15 mai, en faveur des apprentis, afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes droits que leurs aînés et qu’ils ne soient pas des "salariés au rabais".
 
 
Pascale Coton,
Secrétaire générale
 
 
*Sondage Ipsos pour le Medef. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire