Notre organisation syndicale appartient de part son Histoire, ses Valeurs au monde syndical réformiste. Nous croyons fermement,en effet, que toute avancée sociale pour les salariés doit se faire dans le dialogue avec le patronat.
Le syndicalisme réformiste est " une pratique qui tend à obtenir des avancées pour les salariés par le jeu du dialogue social entre les syndicats et le patronat. La notion du dialogue social présuppose que les parties en présence aient une culture du compromis" (SNEC -CFTC Info du 8 avril 2013).
En ces temps plus que troublés, et dans lesquels le radicalisme est de mise pour certains, je crois fermement que notre discours est toujours d'actualité et que cela doit rester notre ligne de conduite :celle d'un dialogue constructif.
Nous devons aussi nous montrer ferme sur certains dossiers et ne pas hésiter à avoir recours à la grève,si cela est nécessaire pour faire avancer les choses quand le dialogue ne passe plus avec nos interlocuteurs patronaux dans la négociation.
C'est ce qui vient de se passer en Allemagne dans la branche de la métallurgie il y a quelques jours.
Pays du compromis par excellence et du dialogue social permanent entre les organisations syndicales et le patronat , IG Metall et le syndicat patronal de la métallurgie ont trouvé un accord sur une hausse des salaires dans la nuit du 14 au 15 mai. A ma connaissance, cet accord est totalement passé inaperçu dans la presse hexagonale.
Que dit cet accord ?
Les salaires des 3,7 millions de métallos allemands augmenteront en deux temps. La première hausse de 3,4% s’appliquera à compter du 1er juillet 2013 et la seconde de 2,2% au 1er mai 2014, soit au total 5,6% sur vingt mois.
Il faut dire que cela ne s'est pas fait sans heurts. En effet, le syndicat IG Metall revendiquait une augmentation de 5,5%, mais en un an. La fédération patronale Gesamtmetall, qui à l’origine ne voulait pas déroger de sa proposition de 2,3% sur onze mois, avait fini par annoncer, deux jours avant la conclusion de l’accord, qu’un étalement dans le temps pourrait constituer une base de compromis.
Il a aussi fallu que IG Metall face à une attitude peut conciliante de la fédération patronale dans la négociation sur cette question salariale mobilise ses troupes sur le terrain. Pour arriver à cet accord , les 400 000 métallos avaient cessé le travail au cours de grèves d'avertissement chez Daimler, Bombardier et Nexans entre le 1er mai et le 8 mai. IG Metall avait aussi menacé d'appeler à une grève plus dure dans l'ensemble de la branche. Evènement qui ne s'était pas déroulé depuis plus de onze ans Outre-Rhin . Ces mêmes 400 000 métallos ont été soutenus par les salariés de la branche automobile qui n'étaient pas concernés par ces négociations.
Il m'est arrivé de critiquer le modèle économique allemand à plusieurs reprises. Mais là, je dois reconnaître que c'est une leçon de syndicalisme réformiste dans le plus grand art.