Lors de sa dernière conférence de presse du
14 janvier dernier, le Président de la République a annoncé l'ouverture
de plusieurs chantiers, notamment en matière d'économie. Il a fait
le même constat que le chancelier allemand social-démocrate Gerhard Schröder le 14 mars 2003 qui devant le Bundestag déclarait : «Nous allons réduire les prestations
sociales et encourager la responsabilité individuelle ». A cette date,
la République fédérale d’Allemagne était l’Homme malade de l’Europe avec un
taux de chômage élevé, des déficits publics importants, des cotisations sociales
et un coût du travail lourds.
En annonçant qu’il
voulait « mettre la société
française en mouvement », je pense que
notre Président parlait des mesures prises en faveur des entreprises et du
pacte de responsabilité.
Je cite un des propos du Président qui m’a
interpellé : « Je fixe un nouvel objectif : que d'ici 2017, pour les entreprises et
les travailleurs indépendants, ce soit la fin des cotisations familiales, ce
qui représente 30 milliards d'euros de charges. C'est la condition pour que les entreprises
retrouvent de la marge – non pas pour leur faire plaisir, pour leur faire quelque
cadeau » Pour beaucoup de commentateurs, François
Hollande a fait son coming-out social-démocrate ou social- libéral.
Maintenant, je ne
crois pas que les mesures prises par le gouvernement Schröder soient
applicables au modèle français. La reconstruction de l’économie d’Outre-Rhin
s’est faite sur une refonte au scalpel des allocations chômage et une réforme
du marché du travail entre 2003 et 2005 contraignante pour les travailleurs
allemands. Dans la conjoncture actuelle, sommes-nous prêts à affronter de
telles mesures radicales : diminutions
progressives des allocations chômage dans la durée et sur le montant, remise à
plat total du marché du travail. Appartenant à une organisation syndicale réformiste,
ouverte au dialogue, nous devons être prêts à négocier la renaissance d’un
système social performant qui met l’Homme au cœur de l’économie et non sous sa
coupe, mais pas à n’importe quel prix.
Un chef d’entreprise
réaliste avec qui je débattais récemment au cours d’une émission radio m’a dit
qu’il attendait le Mikhaïl Gorbatchev français. Il avouait qu’il l’attendait
toujours. En tentant de sauver le système soviétique de la faillite totale par
une restructuration profonde de l’économie et du modèle social, Mikhaïl
Gorbatchev a porté le coup de grâce à l’URSS déjà affaiblie. Le remède a tué le
malade.
Le modèle français de
dialogue social est bâti sur trois grands piliers depuis 1945 : l’Etat et sa
tradition colbertiste, le patronat qui tente d’imposer sa vision
ultra-libérale, les syndicats divisés en deux camps.
Je voudrais juste vous
inviter à méditer cette phrase cynique du Chancelier Bismarck, qui fit l’unité
de l’Allemagne en 1871 contre la France : « Dans un système à trois puissances, il faut être l’une des
deux ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire