dimanche 9 février 2014

François Hollande: Schröder ou Gorbatchev ?



Lors de sa dernière conférence de presse du 14 janvier dernier, le Président de la République a annoncé l'ouverture de plusieurs chantiers, notamment en matière d'économie. Il a fait le même constat que le chancelier allemand social-démocrate Gerhard  Schröder le 14 mars 2003  qui devant le Bundestag déclarait : «Nous allons réduire les prestations sociales et encourager la responsabilité individuelle ». A cette date, la République fédérale d’Allemagne était l’Homme malade de l’Europe avec un taux de chômage élevé, des déficits publics importants, des cotisations sociales et un coût du travail lourds.
En annonçant qu’il voulait « mettre la société française en mouvement », je pense que notre Président parlait des mesures prises en faveur des entreprises et du pacte de responsabilité.
Je cite un des propos du Président qui m’a interpellé : « Je fixe un nouvel objectif : que d'ici 2017, pour les entreprises et les travailleurs indépendants, ce soit la fin des cotisations familiales, ce qui représente 30 milliards d'euros de charges. C'est la condition pour que les entreprises retrouvent de la marge – non pas pour leur faire plaisir, pour leur faire quelque cadeau » Pour beaucoup de commentateurs, François Hollande a fait son coming-out social-démocrate ou social- libéral.
Maintenant, je ne crois pas que les mesures prises par le gouvernement Schröder soient applicables au modèle français. La reconstruction de l’économie d’Outre-Rhin s’est faite sur une refonte au scalpel des allocations chômage et une réforme du marché du travail entre 2003 et 2005 contraignante pour les travailleurs allemands. Dans la conjoncture actuelle, sommes-nous prêts à affronter de telles mesures radicales : diminutions progressives des allocations chômage dans la durée et sur le montant, remise à plat total du marché du travail. Appartenant à une organisation syndicale réformiste, ouverte au dialogue, nous devons être prêts à négocier la renaissance d’un système social performant qui met l’Homme au cœur de l’économie et non sous sa coupe, mais pas à n’importe quel prix.
Un chef d’entreprise réaliste avec qui je débattais récemment au cours d’une émission radio m’a dit qu’il attendait le Mikhaïl Gorbatchev français. Il avouait qu’il l’attendait toujours. En tentant de sauver le système soviétique de la faillite totale par une restructuration profonde de l’économie et du modèle social, Mikhaïl Gorbatchev a porté le coup de grâce à l’URSS déjà affaiblie. Le remède a tué le malade.
Le modèle français de dialogue social est bâti sur trois grands piliers depuis 1945 : l’Etat et sa tradition colbertiste, le patronat qui tente d’imposer sa vision ultra-libérale, les syndicats divisés en deux camps.

Je voudrais juste vous inviter à méditer cette phrase cynique du Chancelier Bismarck, qui fit l’unité de l’Allemagne en 1871 contre la France : «  Dans un système à trois puissances, il faut être l’une des deux ». 

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