dimanche 23 novembre 2014

Intervention CFTC pour le rassemblement du 23/11/2014


L’Assemblée nationale a voté le 28 octobre le projet de budget de la Sécurité sociale comprenant la modulation des allocations familiales en fonction des revenus.
  En ce qui concerne la politique familiale, une allocation de 129 € était, jusqu’à maintenant, versée à l’ensemble des foyers à partir du deuxième enfant, quel que soit le revenu perçu. Dès juillet 2015, cette allocation sera calculée en fonction du revenu global de la famille.
 Pour la CFTC, la modulation des allocations familiales remet en cause le principe fondateur d’universalité qui repose sur la solidarité envers les familles. Avec ce texte de réforme, les ménages issus de la classe moyenne seront davantage mis à contribution, et ce, sans contreparties. Attaquer leur pouvoir d’achat revient à abaisser leur niveau de vie, leur consommation, et donc la croissance.
 La CFTC rappelle que la branche Famille ne doit pas être la cible des recherches d’économies. Avec ce projet, c’est le début de la fin de l’universalité pour la politique familiale. La prochaine étape pour faire de nouvelles économies va-t-elle être, dès lors, le remboursement des médicaments sous conditions de ressources ? ou une scolarité en lien avec les conditions de ressources des familles ou des communes (c’est parfois ce qui existe déjà avec la réforme des rythmes scolaires)
La CFTC reconnaît qu'un véritable problème social existe auquel il faut apporter des solutions d'urgence. Pour autant, il ne faut pas nier les raisons mêmes de la création des allocations familiales, qui étaient de rétablir autant que possible l'équilibre entre les salariés ayant à charge des enfants et ceux n'en ayant pas. En tout état de cause, l'urgence ne doit pas être un prétexte pour ébranler un système qui contribue largement au taux de natalité dont peut s'enorgueillir la France et qui, depuis la crise de 2008, a parfaitement rempli son rôle d'amortisseur social.
Alors que le gouvernement français vient de conditionner le versement des allocations familiales aux ressources des ménages afin de réaliser des économies, le rapport que l’Unicef vient de rendre public à Rome, le 28 octobre dernier, tombe à point nommé pour mettre en évidence les conséquences que ne manquera pas d’avoir cette mesure sur la vie de milliers d’enfants.
Selon ce document intitulé « Les enfants de la récession », la génération des enfants nés dans les années 2000 dans quarante et un pays de l’OCDE serait « mise de côté ». Fin 2012, en effet, 76 millions d’enfants et de jeunes habitant dans ces pays, généralement considérés comme développés, auraient vécu sous le seuil de pauvreté ; soit 2,6 millions de plus qu’en 2008. Ce sont les politiques d’austérité et les coupes drastiques pratiquées dans les dépenses sociales familiales qui permettraient d’expliquer ce phénomène.
L’argument avancé par le gouvernement et sa majorité pour expliquer la mise sous condition de ressources des allocations familiales est la justice sociale : il n’est pas normal, voire moral, nous dit-on, qu’une famille riche touche autant qu’une famille pauvre. C’est méconnaître les raisons pour lesquelles les allocations ont été créées : il s’agissait de compenser les charges induites par l’éducation des enfants qui sont, tous, l’avenir du pays.
 La CFTC  peut comprendre l’attitude du gouvernement qui, au nom de la justice sociale, entend faire payer les riches, mais pourquoi, alors, ne pas augmenter leurs contributions directes ? Ce serait plus opérant et plus immédiatement rentable, et ça ne pénaliserait pas la politique familiale qui a fait la preuve de son efficacité depuis sa création.

Enfin, la CFTC rappelle l'échec des politiques familiales d'austérité mises en œuvre dans plusieurs pays d'Europe lesquelles politiques contribuent à la paupérisation de la population et pénalisent la croissance dans l'ensemble de l'Union européenne et que ce n’est donc  pas rentable. Au-delà de l’aspect financier de la crise qui, là, va affecter les familles, la CFTC entend dénoncer toutes les recherches d’économie qui se cachent en détruisant des valeurs comme le repos du dimanche, l’égalité homme-femme, la structure familiale, le respect de la vie et de la fin de vie. Pénaliser certaines familles et leurs enfants, non,  c’est non-négociable.

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