samedi 9 mars 2013

Conséquences des élections italiennes

Je vous invite à lire cet entretien  de  Bruno Le Maire dans le journal Le Monde.


Bruno Le Maire : 


"L'attitude de l'UE nourrit le populisme"

Le Monde.fr | 
Bruno Le Maire, chez lui à Paris, le 5 mars.

Bruno Le Maire, député  UMP de l'Eure et ex-ministre des 

affaires européennes et de l'agriculture, vient de publier Jours de pouvoir (Gallimard), un récit sur la fin du quinquennat Sarkozy.

Quelle leçon tirez-vous de la crise italienne ?
L'Italie a été gouvernée pendant un an par un homme qui n'avait pas été élu par le peuple. Dès la nomination de Mario Monti au poste de président du conseil, fin 2011, j'avais dit : "Attention, c'est prendre un risque politique majeur." Par leur vote, les Italiens n'ont pas seulement adressé un message à leurs élites nationales, ils ont voulu dire : "Nous, le peuple, nous voulons garder la maîtrise de notre destin." Et ce message pourrait être envoyé par n'importe quel peuple européen, y compris le peuple français.
C'est inquiétant ?
Oui, et en même temps, il y a quelque chose de sain dans cette réaction : c'est un appel à plus de démocratie. Les peuples européens sont en détresse. Les jeunes n'ont aucune perspective. Des chômeurs s'immolent devant Pôle emploi. Des associations caritatives ne parviennent plus à fournir ceux qui ne mangent pas à leur faim. Et que fait l'Union européenne ? Elle oppose sa splendide indifférence. Son attitude nourrit le populisme. Pour sauver l'Europe, il faut une autre Europe.
Le risque de récession, le chômage en Europe, n'est-ce pas en partie la faute de Mme Merkel, qui veut imposer son modèle ?
Cette interprétation est fausse. Contrairement à ce qu'on dit beaucoup, les Allemands n'ont pas l'intention de dominer l'Europe. Ils ne veulent pas assumer le premier rôle politique en Europe. Ils veulent des partenaires crédibles. Ils ont besoin d'une France forte. C'est pourquoi nous devons retrouver très vite une crédibilité économique. Nous n'y parviendrons pas sans proposer un modèle économique et social nouveau.
N'est-ce pas ce que fait M. Hollande avec le pacte de compétitivité et l'objectif d'équilibrer les comptes publics en 2017 ?
François Hollande parle, mais il est plus préoccupé par les équilibres du PS que par la situation de la France. Il a renoncé à réduire le déficit public à 3 % du PIB cette année, et à conduire une politique radicale en faveur de la compétitivité Son attentisme me sidère. Il est comme Godot : il attend que la croissance revienne, il pense qu'elle reviendra naturellement, et qu'il finira ainsi par être réélu. Il incarne la démission et le renoncement.
Vouloir réduire les dépenses de 60 milliards d'euros sur cinq ans, c'est du renoncement ?
Les Français n'entendent parler que de taxes. Le pays est pris au piège d'un modèle intellectuel obsolète dans lequel on dit : "On va prendre aux riches, et les pauvres iront mieux." La réalité, c'est que les riches s'en vont, et que les pauvres ne vont pas mieux.
Pratiquer la rigueur dans le contexte actuel, n'est-ce pas tuer ce qui reste de croissance ?Nous restons au milieu du gué et c'est la situation la plus inconfortable. Nous faisons un peu d'économies budgétaires sans être capables de répondre aux questions fondamentales sur la place de l'Etat, le financement des retraites et de la protection sociale. François Hollande est incapable de redéfinir notre modèle, et nos partenaires le sentent. Aujourd'hui, la France est sur un strapontin en Europe.
Comment la droite peut-elle être entendue après avoir gouverné dix ans sans faire ces réformes et en creusant les déficits ?
Nous avons perdu parce que nous avons manqué d'audace. Si nous étions allés au bout de nos convictions, nous aurions eu le respect de nos électeurs. Nous devons avoir pour obsession de faire réussir la France dans la mondialisation, de redresser les capacités de production et de travail afin que chacun trouve sa place. Cela suppose de changer radicalement de modèle, de bousculer les avantages acquis, y compris sur la scène politique. C'est pourquoi je propose la fin du cumul des mandats et demande que les fonctionnaires démissionnent lorsqu'ils entrent à l'Assemblée. Si nous ne le faisons pas, nous aurons, comme en Italie, une puissante vague populiste.

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