lundi 3 décembre 2012

L'austérité tue




Les chiffres du chômage ont été publiés la semaine dernière et montrent une dégradation persistante.
Chaque jour, 1500 emplois sont détruits en France. Une lecture plus approfondie marque les esprits. Sur les neufs premiers mois de l'année, le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a explosé de 250.000 demandeurs en plus. C'est bien plus que ce que prévoyait l'Unedic et deux fois plus que les hausses enregistrées sur les mêmes périodes en 2010 et 2011. Pire, l'accélération de ces deux derniers mois (+92.300) est plus qu'inquiétante, tout comme l'imminent franchissement de la barre du demi-million de demandeurs d'emploi de plus de trois ans. La crise, qui perdure, continue à faire des carnages sur le plan industriel, et déshumanise de plus en plus ceux qui sont  les plus fragiles. A ce sujet, je pense à tous les salariés qui travaillent à temps-partiel, aux femmes célibataires avec ou sans enfants et aux « seniors ».

L’austérité tue.
Mais qu’est-ce que l’austérité ? Au niveau d'une nation ou d'une entreprise, une politique d'austérité se caractérise à assainir et à résorber  les déficits publics et de diminuer l'endettement du pays. On cherche  ainsi à réduire  les coûts et les dépenses publiques.
Cela passe par une augmentation des impôts directs et indirects, la diminution des investissements de la part de la puissance  publique, une gestion rigoureuse des prestations sociales.

Un article récent du journal  Financial Times explique que cette austérité est bien plus nocive que prévu pour l’économie. Ce quotidien londonien à tendance ultra-libérale reprend une étude publiée par le Fonds Monétaire International (Perspectives de l’économie mondiale) qui arrive à la conclusion suivante assez surprenante : le remède de cheval est pire que le mal et ces politiques d’austérité excessive sont contre-productives sur la croissance. Charles Wyplosz, économiste et enseignant à Genève l’explique clairement quand il dit : « Il est fallacieux de faire une politique d’austérité en période de récession. Il fallait aider les pays à sortir de la récession en leur donnant des moyens. On a perdu trois ans, avec des conséquences sociales et politiques effrayantes. »
En tant que syndicaliste responsable et humaniste, je pense qu’une autre politique économique existe et peut se mettre en place.
Cela passe par une redistribution des revenus qui doit viser à réduire les inégalités et s’orienter vers une harmonisation fiscale par un transfert du poids de la fiscalité du travail vers celle des profits et de la richesse.
Cela passe aussi par une taxation des transactions financières pour mettre fin aux spéculations hasardeuses pour promouvoir des investissements productifs et des emplois notamment vers l’économie durable.

L’austérité tue.

Je rejoins Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’Economie, qui écrit dans son dernier ouvrage Le Prix de l’Inégalité, que les inégalités affaiblissent l’économie, dégradent la démocratie, fracturent la société.

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