lundi 3 décembre 2012

Un peu d'Histoire suite : non à la confusion des genres!

En cette période électorale , il faut remettre  les pendules à l'heure sur les sigles . Nous sommes la CFTC  et non la CFDT . Il y a souvent une confusion des genres  et certains en jouent .
 
En "surfant" sur internet, j'ai retrouvé cet article du journal Le Monde  de 1984 qui fait un point sur nos différences et le combat que la CFTC  a dû mener pour se faire reconnaître suite à la scission de 1964.
 
 
A tous les militants  et sympathisants de la CFTC , j'en conseille la lecture pour mieux se défendre face aux attaques virulentes qui peuvent  toucher notre organisation.
 
Voici l'article  à lire et à diffuser largement.
 
 
 

 


7 novembre 1964 - L'événement se produisit les 6 et 7 novembre 1964 lors d'un congrès extraordinaire qui réunit 2 600 délégués représentant 4 000 syndicats au Palais des sports à Paris... A l'époque, Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT, avait jugé que ce congrès n'avait pas été "utile à l'unité ouvrière". Et André Bergeron, déjà secrétaire général de FO, avait estimé, visionnaire en l'occurrence, que "les idées développées dans la CFDT peuvent préfigurer un engagement politique du mouvement syndical"...
Déjà , au lendemain de la seconde guerre mondiale, les militants-minoritaires-regroupés autour de Reconstruction, avec Paul Vignaux et le SGEN, s'étaient efforcés de dégager la CFTC de l' "obédience chrétienne", obtenant une première victoire au congrès de 1947. La formule selon laquelle la centrale entendait, dans l'article premier des statuts, "s'inspirer dans son action de la doctrine sociale définie dans l'encyclique Rerum novarum"avait alors été remplacée par une référence à la "morale sociale chrétienne". Au fil d'une histoire tourmentée, les minoritaires, devenus progressivement majoritaires, n'eurent de cesse d'aller plus loin pour aboutir à une réelle "déconfessionnalisation"ou "laïcisation"de la CFTC, permettant d'accueillir dans le syndicat, aux côtés des chrétiens, les socialistes et les "humanistes"et, selon l'expression d'Eugène Descamps, de "détruire les barrières entre les chrétiens et les laïques".
"L'apport de l'humanisme chrétien"
En 1964, au moment du congrès extraordinaire, le métallo Eugène Descamps est secrétaire général de la CFTC depuis trois ans. Chrétien militant, il entend mener la "laïcisation"en douceur, sans casse, pour éviter une scission et l'inévitable perte d'adhérents qui s'ensuivrait. Avant même l'ouverture des débats, et malgré les réticences du SGEN et de la chimie, un amendement présenté par les syndicats alsaciens pour mentionner dans le préambule des statuts "les apports des différentes formes d'humanisme dont l'humanisme chrétien "est retenu. "Il ne peut s'agir là , écrivent aussitôt dans le Monde Edmond Maire, alors secrétaire de la Fédération des produits chimiques, et Jacques Julliard, du bureau du SGEN, que de la constatation d'une donnée historique, qui ne saurait en aucun cas remettre en cause la nouvelle orientation de la CFTC."D'emblée, dans son discours, Eugène Descamps souligne "la valeur de la doctrine chrétienne"et ajoute : "Nous n'avons pas d'arrière-pensée politique, mais nous avons une pensée politique."Rien n'y fera pourtant, et la transformation de la CFTC en CFDT se jouera dans l'affrontement. Les adversaires de la "déconfessionnalisation", Joseph Sauty et Jean Bornard, chez les mineurs, et Gaston Tessier, chez les employés, voyaient dans ce changement de sigle l'amorce d'une radicalisation politique, s'inquiétant de l'absence de condamnation du marxisme. "Les nouveaux statuts, avait lancé M. Jacques Tessier, ne marqueront pas assez nos distances avec le marxisme ni avec le matérialisme qui s'enlise dans un égoïsme à courte vue.""La CFTC, avait déclaré Jean Bornard, n'est pas un rassemblement de chrétiens apeurés par leur foi, mais d'hommes qui veulent faire du syndicalisme selon certains principes et construire une certaine forme de société. Nous refusons d'aller dans ce sens franchement socialiste."M. Bornard, aujourd'hui président de la CFTC, devait rester très fidèle à cette démarche.
Le 7 novembre 1964, les partisans de la "laïcisation"l'emportaient nettement avec 14198 mandats pour (70,11 %), 6051 mandats contre et 26 bulletins blancs. Aussitôt les minoritaires, réunis au Musée social, conduits par Joseph Sauty, Gaston Tessier et Jean Bornard, faisaient "scission"et décidaient de "maintenir"la CFTC en "se réclamant ouvertement des exigences de la morale sociale chrétienne". Une fédération, celle des mineurs, et plusieurs syndicats d'employés et de fonctionnaires constituaient alors l'ossature de la "nouvelle"CFTC, baptisée jusqu'en 1971 "CFTC-Sauty"ou "CFTC maintenue", qui rassemblait de 8 à 10 % des adhérents. Les syndicats chrétiens d'Alsace devaient, pour leur part, rester à la CFDT.
Il devait s'ensuivre une période difficile non pour la CFDT, qui conservait l'essentiel de ses assises, mais pour la "CFTC maintenue", qui se trouva devant le défi de reconstruire une confédération en se voyant contestée dans sa représentativité par sa "sœur"séparée. Le différend se poursuivit devant les tribunaux jusqu'à ce que, en avril 1970, le Conseil d'Etat confirme la représentativité de la "CFTC maintenue"et que le 11 janvier 1971 un compromis élaboré sous les auspices du tribunal de grande instance de Paris mette fin au contentieux immobilier et autorise la CFTC de Gaston Tessier et Jean Bornard à utiliser seule ce sigle. Entre ces deux organisations, le "péché originel"de 1964 a laissé bien des séquelles.
MICHEL NOBLECOURT
Le Monde du 6 novembre 1984




2 commentaires:

  1. Si 1964 a laissé des séquelles, l'année 2008 avec la loi scélérate sur la représentativité a été comme du "gros sel sur une plaie" qui ne se refermera jamais !

    La CFDT et la CGT ont trahi la "classe ouvrière" en signant avec le patronat une déclaration commune destinée à détruire les autres organisations syndicales françaises.

    L'avenir leur donnera tort et la CFTC, une fois de plus, en sortira grandie


    Claude LE GUELLAFF
    Président Honoraire UD CFTC 44

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  2. Je te rejoins Claude sur ton analyse. Il ne faut pas oublier que la CGT et la CFDT sont comparables à Fouché et à Monsieur De Talleyrand : le vice accoudé au crime.

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