En
cette veille de 1er Mai, mon billet d’humeur risque d’être maussade
et bien pessimiste. Je peux même ajouter que le climat social en France est
lourd voire orageux. Pour certains analystes, il est explosif. Les chiffres du
chômage publiés la semaine dernière montrent une grave dégradation de l’emploi
dans notre pays et ne font que renforcer un sentiment d’insécurité permanent
auprès des salariés des secteurs public et privé.
La tournure des derniers événements politiques, législatifs et sociétaux m’inquiètent, car les discours populistes
germent de tous les côtés chez certains dirigeants politiques et syndicaux.
Qu’est-ce que le
populisme ?
C’est une position politique qui prend le
parti du peuple contre les élites en générale. C’est un style politique, qui
fonde son discours sur le recours systématique à l’appel au peuple.
En signant et en
défendant l’Accord National
Interprofessionnel ou ANI le 11 Janvier dernier, notre organisation syndicale a
été la cible de discours virulents et outranciers de la part de certains
responsables syndicaux et politiques dans les médias ou sur internet.
J’ai pu lire ou entendre que la CFTC est
devenue en cette période de crise l’accompagnatrice des politiques d'austérité
voulues par la Troïka (BCE,FMI, Commission européenne ) et menée de main de fer
par nos politiques. Nous sommes l’ennemi à abattre car nous trahissons les
salariés et sommes à mettre dans le même sac que tous ces politiciens.
On m’a même rapporté que des panneaux
d’affichage CFTC avaient été vandalisés dans certaines entreprises et
administrations.
Responsable départemental, je condamne ces
agissements et exprime clairement l’idée que le populisme est une illusion
dangereuse pour le syndicalisme en général.
Je
rejoins en cela Pierre-André Taguieff quand il écrit et parle de L'Illusion
Populiste. La couverture de cet essai publié aux
Editions Champs/Flammarion parle d'elle même : vous avez sur le même plan une
photo de Hugo Chavez et de Jean-Marie Le Pen.
Il y décrypte avec finesse comment le
populisme se développe en temps de crise et prend différentes formes, mais
toujours avec un rejet de la classe politique nationale, tout en combinant des
ingrédients idéologiques variables (libéralisme économique, libre-échangisme,
défenseur de la cause du peuple ou bien repli identitaire doublé de théories complotistes).
Certains vont encore me dire que je fais dans
la provocation gratuite et hors syndicale. Mes propos n'engagent que moi.
Je
vous invite en cette veille de 1er Mai, Fête Internationale du Travail
tout de même à lire l'ouvrage de cet historien des idées, philosophe et
politologue rapidement. Je pense que vous en aurez tous bien besoin dans les
semaines à venir pour affronter sur le terrain les discours populistes de tous
bords dans vos entreprises.
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