vendredi 5 avril 2013

Syndrome vénitien


Je reprends après une longue interruption la chronique de mes éditoriaux. Il est clair que les derniers événements sociaux et économiques m’obligent à reprendre ma plume.

En effet, dans tous les pays de l’Union européenne, la Troïka (FMI, Banque Centrale Européenne, Commission Européenne) prétend imposer sa loi. Elle le fait avec la complicité active de tous les gouvernements qui, quelle que soit leur couleur politique, multiplient les plans de rigueur. Dernier exemple : Chypre, où les mesures prises par cette même Troïka ont mis la population dans la rue avec des manifestations de grande ampleur. Ancrée dans le réformisme, notre organisation syndicale est choquée par ces politiques d’austérité qui entraînent une régression sociale massive et qui prêchent l’idéologie de la pauvreté.

Je reviens d’un périple de quelques jours à Venise. La visite de cette cité lagunaire est riche en enseignement de part son Histoire.

Cette République maritime avait bâti sa puissance en s’émancipant lentement de la domination byzantine ,en mettant en place comme ligne directrice une politique d’essor basée sur des aspects financiers, économiques, commerciaux , industriels et à tout ce qui touche aux affaires maritimes.

Venise a dû sa puissance  au fait de s’être tournée vers la mer, et d’avoir avec constance, cherché à y affirmer sa suprématie ce qui lui permit de se livrer avec succès au commerce international et de construire un Empire commercial dans le bassin oriental de la Méditerranée.
On peut parler au sujet de l’exemple vénitien à son apogée d’une civilisation matérielle, économique et capitalistique.

Le XVIIème siècle verra l’écroulement progressif de la Sérénissime République, de la perte de son Empire maritime et de son indépendance politique à la fin du XVIIIème siècle pour devenir la ville musée quelle est dans l’imagerie populaire et des touristes qui la visitent chaque année. C’est que j’appelle le syndrome vénitien. La crise financière qui balaiera Venise tout au long du XVIIème siècle doublée d’un marasme économique et fiscal, d’un déclin démographique et d’une guerre d’usure permanents face à l’Empire ottoman provoquera en Europe l’avènement de la France puis de l’Angleterre. Cette dernière se lancera à la conquête du monde appuyée sur la Révolution industrielle.

Je constate avec regret que nos politiques méditent peu ou pas les leçons de l’Histoire. En pratiquant des politiques folles et destructrices basées sur le mot austérité, ils appauvrissent les salariés, accélèrent le transfert des richesses vers d’autres parties du Monde. Une question se pose alors : nos politiques veulent- ils transformer l’Europe en un continent musée ?

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